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Publié : 9 janvier 2009

Regard sur le contexte historique de la naissance de la convention 66 et de l’éducation spécialisée

Ecrit collectif rédigé à l’occasion des 40 ans de la CC66 en mars 66 Remanié par JYS en janvier 2009.

Lors des années 40, le développement du champ de l’enfance inadaptée est en plein essor. Puis, au cours des années cinquante, c’est l’enfance arriérée, pour reprendre une terminologie de l’époque, qui se déploie.

 

Règne alors une logique d’enfermement et de répression : prisons, bagnes d’enfants, maison de redressement d’un côté, institutions psychiatriques asilaires de l’autre.

 

Progressivement une autre approche fait son chemin, notamment après 45, avec la fameuse ordonnance de 1945 et la structuration progressive de l’éducation surveillée.

 

Le monde associatif fait son apparition pour combler les nombreuses carences dans l’accompagnement des personnes et se situe clairement dans la logique éducative alors en émergence.

 

C’est le besoin d’unification du secteur qui a conduit à la naissance de la convention 66 à travers des négociations syndicales. En effet, l’idée que ce métier ne pouvait se fonder sur le seul dévouement et nécessitait des connaissances spécifiques et des conditions de travail décentes se répand.

 

Dès 1945, les ARSEA et en 1947, l’ANEJI ont travaillé à l’organisation du métier. Les premiers accords collectifs de travail ont été signés à leur initiative en 1958 avec une préoccupation de distinction d’avec les établissements relevant déjà de la convention collective de 51.

 

Cette évolution était en synergie avec la naissance du diplôme d’état dont le premier décret est sorti en 1967 mais dont les premiers travaux en vue de sa rédaction avaient débuté dès 1962.

 

La convention 66 s’est ensuite enrichie en parallèle des évolutions du secteur d’où sa forme actuelle constituée de multiples annexes. Celles-ci sont venues répondre aux nouveaux besoins des personnes et des conditions de travail des salariés chargés de leur accompagnement. Elles ont aussi permis la reconnaissance de la nécessité de domaines professionnels différentes pour concourir à l’amélioration de la qualité d’intervention.

 

Ainsi, au cours de l’histoire, notre profession s’est construite au carrefour d’influences multiples, sociales, juridiques, sanitaires et médicales, pédagogiques, philosophiques…Cette diversité d’origine a complexifié d’emblée la définition d’une identité professionnelle.

Aujourd’hui, si être éducateur ne recouvre pas les mêmes réalités professionnelles, l’existence d’une identité professionnelle reste à affirmer dans un climat sociopolitique qui parait délétère pour le secteur et les personnes accompagnées.

 

Ainsi, le cadre politique et juridique exerce toujours de fortes pressions sur les définitions des missions, des pratiques, de l’action des éducateurs spécialisés. Nos interventions sont plus en plus encadrées, contrôlées voire uniformisées.

 

Les images directrices de l’éducateur spécialisé qui se sont succédées et ont nourrit le collectif de professionnels du secteur sont nombreuses. Après l’époque du « vivre avec » de la vocation et du don de soi, la montée de la professionnalisation a contribué à l’émergence de l’éducateur « technicien » de la relation. Puis est venu le temps de l’éducateur facilitateur du lien social, ensuite celui d’un éducateur militant visant la promotion des personnes accompagnées. Aujourd’hui, ces figures de l’éducateur spécialisé persistent mais sont aussi pénétrées par celle de l’éducateur « manager » ou de l’éducateur « expert ».

 

De plus, la nature des institutions constituant les lieux d’exercice professionnel influence aussi leur identité de métier. Travailler en internat ou en externat, en AEMO, en IME ou en foyer de vie ou encore en MAS, exercer dans un service de tutelle, dans le champ de l’insertion ou encore en CER voire en CEF modifie la perception par soi-même de son métier et en modifie les représentations par les autres professionnels et dans le grand public. Seulement, ces dernières années, les postures sécuritaires et de contrôle social prennent le pas sur la posture éducative.

 

Dans ce contexte, les institutions ont de plus en plus de mal à revendiquer des moyens pour garantir la qualité dans l’exécution de leurs missions. Une dérive vers une logique économique et gestionnaire est sensible. Il s’agit plus d’évaluer l’atteinte des objectifs, une rentabilité, de donner une bonne image de marque que d’évaluer qualitativement l’accompagnement proposé aux personnes.

 

Le projet actuel de refonte de la CC66 qui vise le primat du management et une réduction des coûts en sont une bien triste expression.

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